Qui « porte » la Suisse 2020 ? En 1993, tout paraît clair. Les 26 cantons – en vote populaire – acceptent le 1er Août férié. C’est peut-être le scrutin le plus « patriotique ». Mais, pour les 3 Constitutions fédérales de 1848, 1874 et 1999, les cantons se divisent. Figurent parmi les partisans des 3 textes : Zurich, Berne, Soleure, Bâle-Ville et Bâle-Campagne, Grisons, Vaud, Neuchâtel, Genève. Le Jura, souverain dès 1979, s’y joint en 1999. Figurent parmi les adversaires des 3 versions : Uri, Schwyz, Obwald et Nidwald (les fondateurs de 1291 !), Appenzell RI, Valais. Tenaces.
Attention ! Il serait imprudent de tirer de ces votes des conclusions sur le « suissisme » des cantons. Mais on repère des coupures durables. « Sonderbund » (1847) et « Kulturkampf » (1870) en font partie. Face au pouvoir libéral-radical, Uri, Schwyz, Obwald, Nidwald, Appenzell RI et Valais, les « résistants », furent proches du camp « papal ». Cette Suisse leur sera imposée.
En face ? Certains s’étonneront de découvrir, parmi les cantons les plus constamment favorables au projet « Suisse », les Romands Vaud, Neuchâtel et Genève. S’y joignent Zurich, Berne, Soleure, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Grisons. La Suisse moderne est donc bien une construction plurielle. Les 119 Conseillers fédéraux ? Y voisinent 75 Alémaniques, 35 Romands, 8 Tessinois et 1 Romanche (Felix Calonder). Les 4 Généraux ? Les deux Romands (Guillaume-Henri Dufour, Henri Guisan) laisseraient même des traces plus profondes – selon certains – que les deux Alémaniques (Hans Herzog, Ulrich Wille). Chiche ?