Xénophobe ou xénophile, la Suisse de Simonetta Sommaruga ? En une année, elle change de cap. Ce 30 novembre, le peuple rejette à une majorité étonnamment nette l’initiative Ecopop « Halte à la surpopulation » (74,1% de non, cantons unanimes). Elle visait – avec des exigences chiffrées – une croissance de l’immigration plus lente et une aide internationale à la planification familiale. Ce refus contraste avec l’acceptation récente de trois initiatives anti-étrangères de l’UDC (minarets en 2009, étrangers criminels en 2010, immigration de masse en février 2014). C’est un retournement
Le refus de l’initiative de gauche contre les forfaits fiscaux accordés à de riches étrangers frappe tout autant (59,2% de non, seul Schaffhouse approuve). Les cantons latins et alpins y sont tranchants. Même des cantons ayant aboli ces forfaits votent « non » (Zurich, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Appenzell Rhodes Extérieures, mais sans Schaffhouse). C’est une autre surprise. Le peuple suisse, sur des thèmes voisins, change. Il approuve l’initiative Minder contre les salaires abusifs (mars 2013), mais rejette celles de la gauche pour un écart des salaires plus faible (novembre 2013) ou des salaires minimaux (mai 2014). L’échec de l’initiative de certains UDC sur l’or de la Banque nationale est plus large encore (77,3% de non). Sec.
Simonetta Sommaruga (à Justice et Police), Eveline Widmer-Schlumpf (aux Finances) et le Conseil fédéral en sortent gagnants. Dans le reste du monde, cette triple épreuve était suivie avec un mélange de curiosité et d’inquiétude. Entre politique suisse et politique internationale, la frontière, décidément, s’efface.