Christoph Blocher. Le stratège UDC étudie le lancement d’une initiative pour une neutralité suisse revue et augmentée (« NZZ »). L’un de ses buts serait d’en éliminer des sanctions économiques contre un agresseur. Du coup, l’ancien Conseiller fédéral s’en prend vivement au ralliement du Collège actuel aux sanctions de l’Union européenne. Selon lui, la Suisse deviendrait ainsi « partie » dans la guerre opposant la Russie de Vladimir Poutine (l’agresseur) et l’Ukraine de Volodymyr Zelensky (l’agressé). Pas moins ?
Comment ? La Constitution fédérale est courte sur la neutralité (articles 173, 185). Parlement et Gouvernement sont priés de prendre des mesures pour la préserver. Leur marge d’appréciation est vaste. Les Conventions de La Haye de 1907 sont plus explicites. Mais elles touchent le militaire, moins l’économie (Marco Jorio, « NZZ »). Les étapes de la naissance de la neutralité suisse sont lentes. Marignan 1515 ? Pas vraiment. Traités de Westphalie de 1648 ? Esquisse. Congrès de Vienne de 1815 ? Oui. Grande-Bretagne, Prusse, Autriche et Russie, vainqueurs de Napoléon, en sont les « parrains ». Les guerres et traités suivants susciteront des débats. Mais ils sont plutôt des confirmations. Jusqu’en 2022 ?
Vrai : la tâche du stratège Christoph Blocher s’annonce ardue. Sur la neutralité, il veut lier les mains du Conseil fédéral (et du Parlement). Or, le Gouvernement doit garder une marge de manœuvre au fil des guerres et des traités. Voyez cette agression de la Russie de Poutine sur l’Ukraine de Zelensky. Même indirectement, la neutralité suisse peut-elle la couvrir ? Oui ou non ?