06.01.2008
Heiner Studer mène une vie politique chahutée. Le 21 octobre, cet évangélique argovien – après huit ans – n’est pas réélu au Conseil national. Le 21 décembre, donc deux mois plus tard, le Conseil fédéral propose d’assouplir l’accès des objecteurs de conscience au service civil. L’examen de conscience serait abandonné au profit de la « preuve par l’acte ». Que ces objecteurs s’engagent à exécuter un service civil 50% plus long que le service armé suffira. Heiner Studer est l’un de ceux qui luttent depuis des années pour cette « preuve par l’acte »
La bataille du service civil démarre en 1903. Longtemps, tout échoue. En 1984, une initiative avec la « preuve par l’acte » est rejetée. Avec la fin de la « guerre froide », les fronts bougent. Dès 1991, les objecteurs « moraux » et « religieux » sont affectés à un travail d’intérêt général. En 1992, le principe du service civil est ancré. Dès 1996, il s’applique. L’armée garde la primauté. Mais la réduction de ses effectifs – « Armée 95 », « Armée XXI » – change la donne. Heiner Studer, en 2004, dépose sa motion pour la « preuve par l’acte ». En 2005, le Conseil fédéral résiste encore. Au Parlement, en procédure de consultation, l’accueil est meilleur. En décembre 2007, le Gouvernement se ravise. Certains points – dont la longueur plus importante du service civil – annoncent toutefois d’autres bras de fer.
Bref, Heiner Studer tombe et triomphe presque en même temps. Son succès sur le service civil coïncide aussi avec la naissance au Parlement fédéral d’un nouveau groupe centriste où coopèrent les démocrates-chrétiens, les Verts libéraux et les évangéliques. Les idées d’Heiner Studer y gagneront en force.