Elisabeth Baume-Schneider. L’élection de la première Conseillère fédérale du Canton du Jura fait sensation. Tout y sort de l’ordinaire. Sa victoire-surprise sur la Bâloise Eva Herzog. L’élimination de l’outsider zurichois Daniel Jositsch. La fille de paysan, l’amie des moutons « Nez Noir » et le vote de la campagne. Voire son passé « gauchiste » – selon certains. L’avènement rare – avec Alain Berset, Guy Parmelin et Ignazio Cassis – d’une « majorité latine » au Gouvernement. Un Parlement pourtant formé de grands-électeurs à dominante alémanique. On en oublie.
Curieux ? Un nom légendaire ne revient quasiment jamais. C’est celui de « Gilberte de Courgenay ». 1896-1957. Ou Gilberte Montavon. Ou encore Gilberte Schneider-Montavon. Sa célébrité date de la Guerre 1914-1918. Elle est alors serveuse dans le restaurant tenu par son père. Pour les soldats, elle devient une héroïne. Y compris pour les soldats alémaniques. Car elle sait l’allemand et le suisse-allemand. Plus tard, elle se marie, s’établit à Zurich. Elle inspire une chanson, une pièce de théâtre, un film. Avec Anne-Marie Blanc dans le rôle. Sa notoriété illumine la Guerre suivante – celle de 1939-1945. Son souvenir se mêle à celui du Général Henri Guisan. Ou du « plan » de Friedrich Traugott Wahlen. C’est dire.
Pure coïncidence ? Vrai : le Jura n’a jamais perdu la faveur d’une partie du public alémanique. Ni d’ailleurs du public latin. Malgré le long conflit avec Berne ? En 1978, le vote fédéral pour le Jura est un triomphe dans les 4 langues. Et, le 7 décembre 2022, le sacre d’Elisabeth Baume-Schneider résonne fort.
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