Christoph Blocher. L’UDC – premier parti suisse – peut-elle gagner sans son stratège historique? Il n’apparaîtrait plus dans le clip UDC des élections 2023 (« Tribune de Genève », « 24 Heures »). Ce serait une première. Si l’UDC, longtemps 4e, devient premier, c’est largement grâce à Blocher. Ses thèses sur l’Europe, l’immigration et la souveraineté font mouche. Le dépassement se situe dans les années 1999-2003. Présidence nominale Ueli Maurer. 29,4% en 2015 (le sommet). Présidence Toni Brunner. 25,6% encore en 2019. Toujours en tête. Présidence Albert Rösti. Aujourd’hui, Marco Chiesa.
Blocher, lui, n’a pas besoin d’être président nominal. Le stratège en chef de l’UDC depuis la fin des années 1980, c’est lui. Les présidents nominaux lui sont soumis. Peu de figures exercent pareille influence sur un grand parti. Le PAB-PAI, ancêtre de l’UDC, est fondé en 1917-1918. Plusieurs noms laisseront des traces. Rudolf Minger, fondateur, Conseiller fédéral 1929-1940, Défense. Friedrich Traugott Wahlen, « Plan Wahlen » 1940-1945, Conseiller fédéral 1958-1965, dont les Affaires étrangères. Adolf Ogi, président UDC, Conseiller fédéral 1987-2000, Transversales ferroviaires alpines. Blocher, élu, puis évincé du Conseil fédéral, en 2003-2007, sera différent.
L’UDC 2023 peut-elle exister sans Blocher? Le cas de la Ligue des Tessinois est peut-être instructif. Giuliano Bignasca et Flavio Maspoli la fondent en 1991. Tous deux disparaissent (Maspoli en 2007, Bignasca en 2013). Mais la Lega, elle, ne s’effondre pas. Alors?