Imaginons ! La Grande-Bretagne de David Cameron et la Grèce d’Alexis Tsipras sortent de l’Union européenne. Dans la Suisse de Simonetta Sommaruga, faudrait-il s’en réjouir ? Les relations Suisse-Union, bloquées, en seraient-elles changées ?
Voyez la Grande-Bretagne. Pour la Suisse, son maintien dans l’Union est un atout. Le Royaume-Uni s’y taille un statut flexible. Il adhère à l’Union en 1972, mais pas à l’Euro. Le conservateur David Cameron demande des exceptions à la libre-circulation des personnes. En Suisse, cela se remarque. On retrouve de vieilles complicités. Prenez 1815 (au Congrès de Vienne), 1939-1945 (Churchill plus compréhensif que Roosevelt, Truman ou Staline) ou 1960 (fondation de l’Association européenne de libre-échange, l’AELE). Quand le Royaume-Uni rejoint l’Union en 1972, il favorise un accord de libre-échange Suisse-Union. La Grèce, elle, adhère à l’Union comme à l’Euro (1981, 2001). Sur la Suisse, sa sortie aurait des effets incertains. Sur l’Union, sa capacité de pression est peut-être moins forte que celle du Royaume-Uni. Les négociations, elles, continuent.
Surtout : la Suisse a peu d’intérêt à démanteler l’Union. Sa politique officielle, dès 1972, vise le rapprochement. En 1992, le Conseil fédéral propose même l’adhésion à l’Espace économique européen (EEE) comme à l’Union elle-même (demande gelée). On assiste à une alternance de gestes de confiance (accords bilatéraux acceptés) et de défiance (non populaire à l’EEE, oui à l’initiative « contre l’immigration de masse »). Mais l’Union, en créant en Europe un vaste espace apaisé, reste, pour la Suisse aussi, irremplaçable.