Curieux ? L’Assemblée parlementaire de la Francophonie tient session à Berne au moment le plus sensible. Christian Levrat le Fribourgeois et Didier Berberat le Neuchâtelois en sont les pilotes. Or, en Suisse même, le Concordat intercantonal HarmoS peine à s’imposer. Le pouvoir fédéral s’impatiente. L’idée de généraliser à l’école primaire deux nouvelles langues – une autre langue nationale, une langue étrangère – se heurte à des résistances. C’est surtout le cas en Suisse centrale et orientale. Certains veulent expulser le français de l’école primaire et misent sur l’anglais. Le péril paraît moins grand en Suisse romande et sur la frontière des langues. Tessin italophone et Grisons trilingues, enfin, sont hors-concours.
Etonnant ? La Suisse quadrilingue adhère tardivement à la Francophonie. Ainsi, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie s’élance en 1967, l’Organisation internationale de la Francophonie en 1970. Plusieurs institutions s’y greffent. D’anciennes colonies françaises y poussent. Au début, la Suisse quadrilingue s’en tient éloignée. On en redoute peut-être un affaiblissement du lien confédéral. Les années 1980 marquent un tournant. 1989-1996 : la Confédération adhère. Depuis, les Suisses y sont très présents.
Drôle ? L’adhésion de la Suisse à la Francophonie influence peu les débats intérieurs. Ils ont pourtant un acteur commun : l’anglais. Si la Francophonie émerge, c’est pour que le français existe face à l’anglais. Si la Suisse plurilingue est à la peine en Suisse centrale et orientale, c’est parce que certains misent tout sur l’anglais. Vrai : la langue de Cameron et Obama ne se laisse jamais oublier.