Kamala Harris et Tim Walz, méfiez-vous! Aux Etats-Unis, ce sont les « Grands-Electeurs », non le Peuple, qui élisent la Présidence. Peuple et Grands-Electeurs convergent souvent. Pas toujours. 2016. Donald Trump fait moins de voix qu’Hillary Clinton, mais plus de Grands-Electeurs. Elu. 2000. George Bush fils réalise le même exploit. Moins de voix qu’Al Gore. Plus de Grands-Electeurs. Recomptages. Cour suprême. Elu. 1974. Gerald Ford? Lui ne sera élu, ni par le Peuple, ni par les Grands-Electeurs. Il est promu dans le sillage du « Watergate » et de la démission de Richard Nixon. Votes du Sénat et de la Chambre des représentants. Ford, Bush fils et Trump sont Républicains.
Ces divergences sont rares. Elles sont presque aussi anciennes que les Etats-Unis. 1824. Cas John Quincy Adams. Son rival Andrew Jackson fait le plus de voix et de Grands-Electeurs. Mais sans majorité. La Chambre des représentants choisit Adams. 1876. Cas Rutherford Hayes. Concurrent Samuel Tilden. Pas de majorité. Rebondissements. Séquelles de la Guerre de Sécession. Retrait des troupes fédérales du Sud. Grands partis pour Hayes. 1888. Cas Benjamin Harrison. Moins de voix. Plus de Grandes-Electeurs. Elu. Concurrent Grover Cleveland.
En Suisse? L’élection du Conseil fédéral, elle aussi, est indirecte. Conseil national et Conseil des Etats. 246 personnes en 2024. Trois initiatives pour une élection populaire directe échouent en 1900, 1942 et 2013. Démocraties contrôlées? Cela dit, elles n’empêcheront ni Christoph Blocher en 2003, ni Donald Trump en 2016. Qu’on le sache.