Daniel Zappelli – procureur général du canton de Genève – joue un rôle fascinant dans le conflit Suisse-Libye. Le 15 juillet, la police genevoise arrête dans un palace Hannibal Kadhafi, fils du président libyen, et sa femme. Ils sont prévenus de violences sur deux domestiques – un Marocain et une Tunisienne. Une plainte est déposée. La libération du couple a lieu en échange d’une caution de 500.000 francs. Une crise sérieuse s’ensuit entre les deux pays. Le pouvoir libyen exige des excuses de la Suisse et le classement de la procédure. Mais le procureur Daniel Zappelli – qui en aurait le pouvoir – refuse un classement « politique » de l’affaire
Elu par le peuple, le procureur général de Genève est peut-être le plus puissant dans les cantons suisses. Il arrive à Daniel Zappelli d’entrer en concurrence avec le gouvernement genevois lui-même. On le vérifie dans la politique du canton en matière d’évacuation de bâtiments illégalement occupés par des « squatters ». Ce dossier, compte tenu de la forte pénurie de logements à Genève, figure parmi les plus délicats.
Avec l’affaire Kadhafi, c’est une autre facette de la position très en vue du procureur genevois qui est mise en relief. A lui seul, il pourrait mettre un terme, ou presque, à une querelle qui empoisonne les relations Suisse-Libye. Cela dit, Daniel Zappelli n’est pas seul. Un juge d’instruction est au travail. L’avocat des domestiques malmenés, Me François Membrez, ne cède pas. Pour aggraver les choses, la mère et le frère d’un des domestiques seraient retenus en otages en Libye. Pour cela aussi, Daniel Zappelli n’est pas pressé, lui non plus, de lâcher prise.