23.03.2008
Pier Giacomo Grampa – évêque de Lugano – monte en première ligne pour défendre les grévistes tessinois de CFF Cargo. Ce prélat se retrouve au beau milieu de la quasi-totalité des acteurs de la Suisse italienne. Tous sont dressés comme un seul homme contre les plans de démantèlement des CFF et de la Berne fédérale. Ce front uni n’est pas toujours de mise. Le Tessin fait partie de ces régions où « cléricaux » et « laïcs », pour simplifier, ont connu des affrontements sévères
Le Tessin devient canton suisse – avec l’Acte de médiation de Bonaparte – dès 1803. Il aborde divisé la création de la Suisse moderne. On le voit osciller entre les libéraux-radicaux « laïcs » et les catholiques conservateurs « cléricaux ». En 1847, il rejoint les libéraux-radicaux dans la guerre civile du « Sonderbund » et soutient la création de l’Etat fédéral. Mais, en 1848, il n’approuve la Constitution que sous conditions. En 1874, il rejette même cette Charte révisée. Ce qui ne l’empêche pas d’accueillir des troupes fédérales venues calmer des troubles. Aujourd’hui, ces oppositions se sont réduites, sans disparaître. La réunification des Tessinois autour de CFF Cargo n’en est que plus frappante.
D’autres malaises entre Suisse et Tessin s’ajoutent. Voyez cette raréfaction des Tessinois en Berne fédérale (depuis le départ de Flavio Cotti en 1999, il n’y a plus de Conseiller fédéral italophone). Voyez cette résistance du Tessin à l’ouverture en politique étrangère depuis une quinzaine d’années. Voyez encore cette irruption de la populiste Ligue des Tessinois. Certes, Pier Giacomo Grampa prône la négociation pour CFF Cargo. Mais son intervention retentit aussi comme une nouvelle alerte.