«La forteresse» en 2008! «Vol spécial» en 2011! Fernand Melgar, cinéaste suisse aux racines espagnoles, sort des films sur l’immigration et l’asile qui frappent. Les détentions qui s’éternisent, les expulsions de requérants refusés qui tournent au drame, en sont les temps forts
Dans un pays où les règles sur l’immigration et l’asile se durcissent (comme ailleurs en Europe), Melgar prend le contre-pied des attitudes xénophobes ambiantes.
Il arrive à Melgar de provoquer des réactions inattendues. Certes, il prône l’humanisation des détentions et des expulsions. Mais il se garde bien de présenter une image caricaturale du personnel chargé de les gérer. Dans «Vol spécial», par exemple, ce personnel sait se montrer sensible. Cela vaut à Melgar les reproches virulents du producteur portugais Paulo Branco, président du jury au festival de Locarno («fascisme ordinaire», ose-t-il). A l’écouter, «Vol spécial» servirait la cause, non des requérants, mais des autorités. La polémique fait du bruit.
Mais les films de Fernand Melgar sont d’abord des mises en garde face à de grands périls: expulsions non maîtrisées (avec décès de personnes), éclatement de familles (certains membres sont expulsés, d’autre pas), inhumanité de renvois après de trop longs séjours en Suisse (ex: cas d’enfants scolarisés), emprisonnement ou torture dans les pays de renvois, etc. Simonetta Sommaruga, ministre socialiste de Justice et Police, tente d’ailleurs une réforme qui concilie accélération des procédures d’asile et renforcement des droits des requérants. Pistes à suivre.