Christoph Blocher, impliqué dans la chute du président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand, perdra-t-il son immunité parlementaire? La menace pèse sur le stratège UDC
Une commission du Conseil national propose de lever l’immunité pour les faits d’avant le 5 décembre 2011. Ce jour-là, Blocher, fraîchement réélu au Conseil national, prête serment. Après, l’immunité le protège. Or, la justice zurichoise enquête sur une violation du secret bancaire par Blocher. Le 3 décembre, il reçoit un informaticien de la Banque Sarasin et l’UDC thurgovien Hermann Lei. Tous deux lui soumettent des papiers sur les transactions de Philipp Hildebrand. Qui démissionne en janvier. Sur l’immunité Blocher, une commission du Conseil des Etats doit encore trancher, peut-être le 31 mai.
Pour les ennemis de Christoph Blocher, c’est un succès. En violant le secret bancaire, que l’UDC défend pourtant bec et ongles, Blocher s’expose. Sa livraison à la justice serait une nouvelle occasion de l’abattre. Elle complèterait son éviction du Conseil fédéral en 2007 comme les récents échecs de l’UDC. Mais ce succès est ambigu. Car Blocher, en agissant ainsi, révèle les transactions «à problèmes» d’un chef de banque centrale. On n’est pas loin d’opérations d’initiés. Pour certains, Blocher ferait donc œuvre utile.
A 71 ans, Christoph Blocher est à un nouveau tournant. Sa grande période se situe entre 1987 et 2007. Avec lui, l’UDC atteint son sommet. 2007, date-clé, amorce aussi le début de la phase descendante. 2011 et 2012 la confirment. Est-elle définitive ? Avec Christoph Blocher, mieux vaut ne pas parier.