Philipp Müller frappe fort. Le nouveau président du Parti libéral-radical suisse propose de réexaminer l’achat par la Suisse d’avions de combat Gripen. Militairement contestés, affirme l’Argovien, ces appareils suédois ne se prêtent pas à la conclusion d’accords groupés avec un pays étranger..
A la place, Philipp Müller souhaite relancer l’Eurofighter européen (d’EADS) ou le Rafale français (de Dassault). Avec l’Allemagne, on associerait l’Eurofighter au règlement de dossiers litigieux comme celui du bruit de l’aéroport de Zurich. Avec la France, on lierait le Rafale aux problèmes de l’ « oasis fiscale » suisse dénoncés à Paris. Cela pourrait coûter un milliard de francs de plus. Mais, à long terme, les difficultés avec nos voisins – observe Philipp Müller – coûtent encore plus («Der Sonntag» du 27 mai)
Cette «sortie» de Philipp Müller pourrait compliquer davantage le projet du ministre UDC de la Défense Ueli Maurer. Les libéraux-radicaux, comme l’UDC, font partie des groupes du centre et de la droite au Parlement qui poussent à l’accélération de l’achat. Au pire, l’affaiblissement de ce front retarderait ou menacerait l’acquisition. Et puis, on ne sait pas si une majorité se dégagerait en faveur de l’Eurofighter ou du Rafale – surtout s’ils sont plus chers.
Certains voient en Philipp Müller – «dur» sur l’immigration – un UDC camouflé en libéral-radical. Lui-même s’en défend. Sur la libre-circulation des personnes, par exemple, il est à l’opposé de l’UDC. Sa « sortie » sur les avions de combat Gripen, qui irritera l’UDC Ueli Maurer, confirme cette indépendance de pensée. L’avenir du Gripen, lui, reste hautement fragile.