Suisse-Europe: le Tessinois Roberto Balzaretti arrive, le Romand Jacques de Watteville s’en va. Ce passage de témoin à la mission helvétique auprès de l’Union européenne (UE) à Bruxelles surgit à un moment tendu
Jacques de Watteville, en partant, est plutôt sombre. La décision du Conseil fédéral d’invoquer la clause de sauvegarde sur la libre-circulation des personnes avec 8 pays d’Europe centrale est mal perçue. Certains, à Bruxelles, parlent gel des relations («Berner Zeitung», 4 juin ; «Le Temps», 22 juin).
Les blocages sont multiples. L’un touche la mise en place d’un mécanisme institutionnel entre les deux partenaires. Ainsi, le Gouvernement suisse tient à l’existence d’une autorité nationale de surveillance des accords bilatéraux. C’est une question de souveraineté. Le conflit sur la fiscalité des entreprises dans certains cantons est renvoyé, mais pas liquidé. La conclusion d’accords pour un impôt libératoire contre la fraude avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Autriche, membres de l’UE, ne suffit pas à ouvrir le marché européen des services. Un accord sur l’électricité est freiné. Enfin, la venue au Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) de nouvelles têtes – Didier Burkhalter et le Secrétaire d’Etat Yves Rossier – change la donne.
Roberto Balzaretti, qui fut chef de cabinet de Micheline Calmy-Rey et Secrétaire général au DFAE, en sait assez pour relever le défi. Mais ce sera dur. Quant à Jacques de Watteville, il devient ambassadeur en Chine, en Corée du Nord et en Mongolie. Lui aussi est servi. La politique internationale de la Suisse est à nouveau rugueuse.