Didier Burkhalter – Conseiller fédéral libéral-radical et ministre suisse des Affaires étrangères – tape sur la table. Au nom du Gouvernement, le Neuchâtelois veut empêcher la relance du débat public sur l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE), voire à l’Union européenne (UE)
Ce ne serait pas le moment. Face à une UE tiède, l’Exécutif helvétique mise sur la poursuite d’accords bilatéraux (menacés de blocage). Il y défend une reprise non-automatique du droit européen (avec contrôle suisse et autorité arbitrale). L’UE devrait répondre en décembre. Selon certains, elle sera dure. Selon d’autres, il y aurait de l’espoir («NZZ am Sonntag» du 2 décembre).
Plusieurs clignotants sont au rouge. Ueli Maurer, ministre UDC de la Défense et proche de Christoph Blocher, pourrait être élu président de la Confédération pour 2013. Ses détracteurs n’attendent de lui aucune impulsion européenne. Même sur les accords bilatéraux Suisse-UE, on lui prête des propos négatifs. Le peuple suisse, lui, préférerait les accords bilatéraux (63%) à l’adhésion à l’EEE (11%) ou à l’UE (6%), ou encore à la dénonciation de ces accords bilatéraux (10%, sondage GFS/SSR du 30 novembre). Bref, la méthode Didier Burkhalter se tient.
Tout cela surgit en pleine «célébration» du 20e anniversaire du refus populaire de l’EEE le 6 décembre 1992 (50,3% de non, 16 cantons hostiles sur 23). Dimanche à Bienne, Christoph Blocher, gagnant de 1992, exhorte ses partisans. Au Parlement, Christophe Darbellay, président du PDC, relance au contraire l’EEE. Face à l’extérieur (et à l’UE), l’image est bigarrée. Mais elle colle à la Suisse du moment.