Doit-on abolir en Suisse l’obligation du service militaire? Le Conseil national tranche ces jours de la nouvelle initiative du Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA). Parmi ses promoteurs, on trouve des élus de gauche comme Andreas Gross (Zurich), Cédric Wermuth (Argovie) ou Luc Recordon (Vaud). Le Conseil fédéral – piloté par le chef UDC de la Défense Ueli Maurer – en propose le rejet
A première vue, les chances du GSSA sont bonnes. Son initiative se situe dans le sillage de la fin de la guerre froide en Europe (chute du Mur de Berlin en 1989, dissolution du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique en 1991). Les effectifs de la troupe se réduisent («Armée 95», «Armée XXI», etc). Un service civil est destiné aux personnes en proie à des conflits de conscience (dès 1996). En Europe, certaines armées renoncent à l’obligation de servir. L’OTAN et les Etats-Unis, il est vrai, y assurent une large couverture.
Mais le GSSA et d’autres groupes pacifistes perdent parfois. Sont rejetées: deux initiatives pour la suppression de l’armée (64,4% et 78,1% de non en 1989 et 2001), deux autres initiatives visant des places d’armes et les avions F/A-18 (55,3% et 57,2% de non en 1993), une initiative encore pour des économies dans l’armée (62,4% de non en 2000). Parmi les 19 initiatives acceptées depuis 1891, aucune n’est exclusivement anti-armée (en 1987, celle de Rothenturm pour la protection des marais est plutôt écologique). Sur la Défense, Gouvernement et Parlement gagnent en général leurs combats. Bref, le vote sur l’obligation du service militaire – comme celui sur les avions Gripen – est attendu avec une infinie curiosité.