Moins de 3’000 Juifs refoulés par la Suisse pendant la Deuxième guerre mondiale au lieu de 24’500? Serge Klarsfeld, Juif français et chasseur de nazi, corrige à la baisse les chiffres retenus par la Commission présidée par Jean-François Bergier
Les Juifs refoulés seraient au maximum 1’500 vers la France, 300 sur la frontière tessinoise, 1’200 vers l’Allemagne et l’Autriche («Der Sonntag» du 10 février). Serge Klarsfeld suggère à la Suisse la création d’une nouvelle commission. «Il en va de l’image de la Suisse dans le monde. Et c’est important pour la Suisse».
C’est vrai: moins de 3’000 juifs refoulés au lieu de 24’500, c’est toujours autant de tragédies de trop. Cela dit, Serge Klarsfeld, à qui l’on doit la découverte en Bolivie du nazi Klaus Barbie, est peu soupçonnable de complaisance. Ses travaux, menés avec l’historienne genevoise Ruth Fivaz-Silbermann, jettent une nouvelle lumière sur l’attitude d’une partie des autorités helvétiques pendant le conflit. Eduard von Steiger (Conseiller fédéral chargé de Justice et Police) et Heinrich Rothmund (chef de la Police fédérale des étrangers), à qui leurs détracteurs attribuent une politique trop dure, sont particulièrement visés.
Plusieurs auteurs, dans le sillage de la publication du rapport Jean-François Bergier (en 2002), lui ont reproché de culpabiliser à l’excès une certaine Suisse officielle pendant la guerre. D’autres acteurs surent se montrer compatissants et courageux. Il y a peut-être là un équilibre à restaurer. Les nouveaux chiffres de Serge Klarsfeld pourraient y aider.