Contrer nos «xénophobes» sans perdre l’Europe: c’est le pari de Sommaruga.

Piquante, la situation de la Conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga! Car la ministre de Justice et Police joue un rôle-clé dans l’activation pour un an de la clause de sauvegarde conclue entre la Suisse et l’Union européenne (UE) sur la libre-circulation des personnes

Le but est de freiner une immigration excessive. Ce qui valait pour 8 pays de l’Est est étendu à 17 autres. La Bernoise, dans un Gouvernement divisé, fait pencher la balance. Or, certains élus de gauche préféreraient agir par des mesures d’accompagnement (sur la sous-enchère salariale, le logement, etc). Des groupes patronaux ajoutent leur scepticisme. En face, UDC, PDC et libéraux-radicaux semblent favorables. En fait, toute la Suisse est partagée.

Tout cela sert de prélude à des votations cruciales sur la limitation de l’immigration. Les chances de l’emporter, pour les initiatives de l’UDC et d’Ecopop, ne sont pas nulles. Un coup serait alors porté aux relations Suisse-UE. L’extension de la libre-circulation à la Croatie est un autre enjeu. L’activation de la clause de sauvegarde peut-elle éviter de mauvaises surprises? Certains en doutent. Ainsi, les permis de court séjour et l’afflux de frontaliers ne sont pas touchés. Et puis, la clause de sauvegarde court jusqu’en mai 2014.

Les relations Suisse-UE, chahutées, ne deviendront pas plus lisses. Les discussions sur les institutions, la fiscalité des entreprises ou le secret bancaire pourraient se durcir. Le thème de l’immigration, il est vrai, peut aussi fournir des outils à la Suisse. On savait que Justice et Police, pour une socialiste, pouvait offrir des épines. Mais Simonetta Sommaruga ne paraît pas désarmée.