Ils n’ont pas peur des coups, les Conseillers fédéraux. Prenez Alain Berset. Le magistrat socialiste – à l’Intérieur – proposerait une audacieuse réforme de la prévoyance vieillesse («SonntagsBlick» du 16 juin).
L’âge de la retraite de référence resterait à 65 ans. Celui des femmes serait porté de 64 à 65 ans – par étapes de 2 mois par an. Cette retraite se prendrait entre 62 et 70 ans. Pour la prévoyance professionnelle, le taux de conversion serait ramené de 6,8% à 6% (avec réduction de rentes). La limite pour une retraite anticipée se situerait à 62 ans (sauf dans certains métiers comme la construction). Pour le financement, une hausse de 2% de la TVA est évoquée.
C’est à gauche plutôt qu’à droite qu’on devine des résistances. La baisse du taux de conversion dans la prévoyance professionnelle pourrait être mal reçue (voyez l’échec de 2010). La hausse de l’âge de la retraite des femmes se heurtera à des oppositions. Alain Berset promet-il d’agir contre les inégalités salariales pénalisant les femmes? Mais il y faudra des résultats visibles. L’affaire est aussi osée que le contreprojet à une caisse maladie publique (avec réassurance pour les traitements coûteux). Ces bagarres promettent.
Eveline Widmer-Schlumpf aussi est au cœur de rudes combats. La Conseillère fédérale PBD, cheffe des Finances, persuade une majorité de ses collègues du Gouvernement d’accepter, contre la fraude, l’échange automatique de données fiscales (avec des conditions, y compris sur la réciprocité d’autres places financières). Le secret bancaire «à l’ancienne» faiblit encore. Le risque, dans un monde qui change, paraît calculé. Mais quel tournant!