Surprise? L’initiative du 22 septembre pour la suppression du service militaire obligatoire ne réunirait que 35% de oui contre 57% de non. Cette netteté étonne (sondage GFS-SSR du 16 août).
Certes, toutes les initiatives «anti-armée» souffrent. Sur les 20 initiatives acceptées depuis 1891, aucune n’est clairement de ce type (en 1987, celle de Rothenthurm est tout autant écologique). C’est le «Groupe pour une Suisse sans armée» (GSSA) qui porte la nouvelle initiative. Des socialistes comme Andreas Gross et Cédric Wermuth, des Verts comme Josef Lang et Luc Recordon l’appuient
Les conditions pour une acceptation sont idéales. Chute du Mur de Berlin en 1989, dissolution du Pacte de Varsovie et de l’URSS en 1991: la Guerre froide tiédit. Et la Russie de Vladimir Poutine n’est pas totalement comparable. Certaines menaces paraissent lointaines (instabilité dans le monde arabe, au Moyen Orient, etc). Et puis, la Suisse, bien que neutre, profite du «parapluie» de l’OTAN et des Etats-Unis. Elle s’y associe même (avec le «Partenariat pour la paix»). En Europe occidentale et centrale, enfin, plusieurs pays misent déjà sur des armées de volontaires («Bund» et «Tages-Anzeiger» du 7 août). Ce que propose l’initiative s’en rapproche.
Alors? Le GSSA et ses alliés font-ils une mauvaise campagne? C’est sûr: le GSSA, en gardant ce nom, peut inquiéter. Car son but ultime est l’abolition de l’armée elle-même. Or, de nombreux Suisses gardent de l’estime pour l’armée de milice – rassembleuse et populaire selon eux. Bref, pour le GSSA et ses alliés, le combat du 22 septembre sera dur.