Nelson Mandela, libérateur de l’Afrique du Sud de l’apartheid, meurt à 95 ans. Il y a un mystère entre lui et la Suisse. Parmi les démocraties industrielles, la Suisse officielle rechigne à faire pression sur les chefs blancs de l’apartheid pour en finir avec ce régime raciste (en place entre 1948 et 1994).
Certes, dès 1968, la Suisse condamne l’apartheid. Dès 1974, la Banque nationale suisse impose un plafond à des exportations de capitaux. On prend des mesures contre les exportations d’armes – mesures contournées, selon certains.
Mais la Suisse officielle s’associe peu ou pas aux sanctions de la Communauté internationale (comme celles de 1985-1986). Un groupe de chercheurs présidé par l’historien Georg Kreis, travaillant pour le Fonds national de la recherche scientifique, se voit refuser l’accès à des archives «sensibles» (rapport publié en 2007). Il y a des coups de frein
Curieusement, l’Afrique du Sud de Nelson Mandela n’en fait pas grief à la Suisse. L’une des premières visites à l’étranger de Mandela libéré lui est réservée. En 1990, Mandela y croise, en particulier, le Conseiller fédéral René Felber. En 1994, en Afrique du Sud, il reçoit Flavio Cotti. Ses rencontres avec les dirigeants suisses sont courtoises. La Suisse, il est vrai, change de ton. Le passage de René Felber aux Affaires étrangères (1987-1993) est peut-être décisif. La diplomatie helvétique serait même mêlée, apprend-on, à une tentative de libération de Mandela en 1988 (qui réussit en 1990). Et puis, la place financière suisse reste attrayante. Nelson Mandela, homme d’Etat d’envergure, sait tout cela.