Visez le Conseil des Etats. Dès mars, il devrait passer à son tour au vote électronique. Ce sera la mission de sa présidence.
L’UDC schaffhousois Hannes Germann en est l’actuel président, le socialiste jurassien Claude Hêche le premier vice-président, le libéral-radical neuchâtelois Raphaël Comte le deuxième. Au début, seuls les scrutins les plus importants seront publiés. Rappel: le Conseil national se met au vote électronique dès 1994.
Les Conseillers aux Etats – en abandonnant le vote à main levée – perdront-ils de leur indépendance face aux partis? Des opposants au vote électronique le redoutent. Pour d’autres, cette «politisation» de la Chambre est déjà en marche («Neue Zürcher Zeitung» du 15 septembre 2012). Le renforcement socialiste et l’arrivée de figures influentes y contribuent (ex: Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale, Christian Levrat, président du Parti socialiste). Le vote électronique affermirait la discipline des groupes. A surveiller.
Du coup, les compositions divergentes des Chambres seraient plus tranchantes. Aujourd’hui, les Conseillers aux Etats sont souvent élus au système majoritaire (Neuchâtel et Jura: à la proportionnelle). L’UDC, premier parti, y perd (5 sièges sur 46, l’indépendant Thomas Minder s’y associe). Le reste va aux libéraux-radicaux (11), au PDC (13), au PBD (1), aux Verts libéraux (2), aux Verts historiques (2), aux socialistes (11). Bref, les gagnants sont surtout «au milieu», moins à gauche. Le Conseil des Etats en devient parfois plus ouvert que le Conseil national (élu à la proportionnelle). Il y a là un potentiel de conflit. Le vote électronique peut-il l’aggraver? On va voir.