Suisse-Europe: le Conseil fédéral de Didier Burkhalter et Simonetta Sommaruga tente un déblocage difficile. Le vote du 9 février de l’initiative UDC «contre l’immigration de masse» se heurte à des pressions presque incompatibles.
Cette initiative exige des contingents pour les immigrants. Elle menace donc la libre-circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne (UE) – et d’autres accords. L’UE, elle, refuse le rétablissement de contingents. En même temps, l’immigration due à cette libre-circulation – en vigueur depuis 2002 – bat en 2013 un record. Elle contribuerait à la prospérité de l’économie, de l’emploi et de l’AVS. Ennui: c’est précisément à cette immigration vigoureuse que l’initiative s’oppose (50,3% de oui, 14,5 cantons favorables sur 23). Dilemme
Tout se complique. Le 9 février, ce sont souvent des cantons avec beaucoup d’immigrés qui refusent l’initiative. Zurich, Bâle-Ville et Zoug y côtoient le «bloc» romand formé de Fribourg, Vaud, Valais, Neuchâtel, Genève et Jura (le Tessin, partisan de l’initiative, est l’une des exceptions). Bref, en réduisant ou en stabilisant les immigrés, l’initiative ne diminuerait pas le sentiment de rejet chez certaines personnes. Au pire, l’effet pourrait être contraire. Impasse?
C’est vrai: l’initiative du 9 février s’accorde trois ans. Mais le nouveau vote sur les relations Suisse-UE, envisagé vers 2016, s’annonce délicat. Certains proposent de le consacrer aux relations bilatérales rénovées (avec son cadre institutionnel). D’autres veulent répéter le vote du 9 février (pour l’annuler ou le confirmer?). La Suisse de Didier Burkhalter et Simonetta Sommaruga est au défi.