La Suisse et l’Union européenne (UE) sont-elles des sœurs qui s’ignorent ? L’Allemand Joschka Fischer, ancien ministre vert des Affaires étrangères, n’est pas loin d’y croire. Selon lui, jamais le projet d’intégration européenne n’a été aussi menacé qu’aujourd’hui. Mais, en même temps, la Suisse serait le modèle tout trouvé pour de vrais Etats-Unis d’Europe (« Scheitert Europa ? », « Bund » et « Tages-Anzeiger », 14 octobre). Piquant
Tout cela surgit à un drôle de moment. Entre la Suisse et l’UE, le réchauffement des relations fait l’objet d’annonces variées. Un accord institutionnel sur la reprise du droit européen par la Suisse et sur le règlement de litiges est à la peine. Le choc du 9 février de l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » pèse lourd. Richard Jones, ambassadeur de l’UE en Suisse, écarte des négociations sur la libre-circulation des personnes. Le vote suisse du 30 novembre sur l’initiative Ecopop y ajoute (« NZZ am Sonntag », « SonntagsBlick », 19 octobre). De son côté, l’UE, malgré plusieurs percées, reste moins proche d’un Etat fédéral que d’une Confédération d’Etats (comme la Suisse d’avant 1848). Fossé ?
Malgré cela, Didier Burkhalter, Simonetta Sommaruga et le Conseil fédéral tiennent bon. Des personnalités lancent des appels pour sauver les accords bilatéraux Suisse-UE. En face, Christoph Blocher poursuit sa campagne « contre une adhésion insidieuse à l’UE ». On peut même renoncer, dit le stratège UDC, aux accords bilatéraux. La transformation de l’UE en un Etat fédéral – les Etats-Unis d’Europe – changerait-elle la donne ? Ce serait à vérifier.
Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères. Photo © Michael Thaidigsmann, Wikipédia