Qui a raison ? Christophe Büchi dans « Mariage de raison » (Zoé, nouvelle édition, 2015) ? Ou José Ribeaud dans « La Suisse plurilingue se déglingue » (Delibreo, 2010) ? Les deux journalistes livrent des tableaux contrastés de la Suisse des quatre langues. Le premier, qui se concentre sur le face à face Alémaniques-Romands, se montre plus optimiste que le second. Mais ils nous mettent en alerte. Car plusieurs affaires créent du souci.
Voyez le lien Suisse-Europe. L’échec en 1992 de l’Espace économique européen (sorte d’association) se double du succès en 2014 de l’initiative UDC contre l’immigration de masse (libre-circulation des personnes ébranlée). La Suisse alémanique et italienne gagne, la Suisse romande perd. Peu de cantons germanophones font bande à part. Conséquence : les blocages, entre la Suisse et l’Union européenne, s’aggravent. Voyez l’étude des langues nationales. Il y a du mieux sur la frontière des langues. Mais, en Suisse centrale et orientale, on résiste – au français à l’école primaire, par exemple. Le triomphe universel de l’anglais de Cameron et Obama pèse lourd. Certains suggèrent d’en faire la langue prioritaire partout. Enfin, les tensions entre la Berne fédérale et la Suisse italienne tout comme la lutte du romanche pour sa survie sont des combats en soi. Durs.
Que fait cette Berne fédérale ? Les désirs d’intervention s’y font plus vifs. Alain Berset comme le Parlement donnent de la voix. Est-ce grave ? C’est vrai : aucune région linguistique ne demande à sortir de Suisse. Aucun canton non plus. Mais, avec Büchi ou Ribeaud, on sera sur ses gardes.