Europe ! Immigration ! La pression pour un nouveau vote populaire augmente. Didier Burkhalter (aux Affaires étrangères) et Eveline Widmer-Schlumpf (aux Finances), parmi les premiers, osent. Aujourd’hui, peu d’acteurs refusent. Mais le contenu du vote divise. Philippe Müller, chef libéral-radical, propose un choix entre deux applications – dure et modérée – de l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » du 9 février 2014. La plus dure ébranlerait la libre-circulation des personnes avec l’Union européenne (UE). Il y a d’autres pistes (confirmer les accords bilatéraux Suisse-UE, biffer le vote de 2014, etc). L’UDC, elle, campe sur son initiative.
Vraie question : comment gagner, à nouveau, sur l’immigration et l’Europe ? Car le 9 février 2014, comme le 6 décembre 1992 contre l’Espace économique européen, est un coup d’arrêt. Tous deux affaiblissent le lien Suisse-UE. Avant, ça va mieux. En 1972, l’accord de libre-échange triomphe. Dans les années 2000, les accords bilatéraux flambent (libre-circulation, Schengen-Dublin, nouveaux pays de l’UE, aide à l’Est, Bulgarie et Roumanie, acquis de Schengen et passeport biométrique, etc). Maintenant, presque tout se fige.
Il y a un faible espoir. Car, du blocage du 6 décembre 1992, la Suisse sort. Il y faut les années 1990 et de la ténacité. Ce blocage du 9 février 2014 est tout aussi coriace. Et son dénouement pourrait être aussi laborieux. Mais qui sait ? Avec sa bonne image, l’équipe de la présidente Simonetta Sommaruga – Didier Burkhalter et Eveline Widmer-Schlumpf, mais aussi Johann Schneider-Ammann, Alain Berset, Doris Leuthard, Ueli Maurer – affronte une épreuve-reine.