Saint-Gall, Grisons, Argovie, Thurgovie, Tessin et Vaud ! En 1803, ces six deviennent cantons suisses grâce à l’Acte de médiation de Napoléon Bonaparte. Valais, Neuchâtel et Genève ! En 1815, ces trois autres – dont on fête les 200 ans d’alliance confédérale – le sont à leur tour grâce aux vainqueurs britannique, prussien, russe et autrichien de l’ex-Empereur. L’ancien évêché de Bâle, d’où sort en 1979 le canton du Jura, y est associé. Jamais, on n’a vu débarquer en si peu de temps tant de nouveaux venus avec la bénédiction de l’étranger. Ensemble, ils font plus de 40% de la population suisse. Ils pèsent lourd.
Mieux ! Ces cantons de 1803 et 1815 fournissent 55 des 115 premiers Conseillers fédéraux. L’Argovienne Doris Leuthard, la Grisonne Eveline Widmer-Schlumpf et le Neuchâtelois Didier Burkhalter en font partie. Parmi ceux de 1803, on voit 5 Saint-Gallois, 4 Grisons, 5 Argoviens, 3 Thurgoviens, 7 Tessinois et 14 Vaudois. Parmi ceux de 1815, on trouve 3 Valaisans, 9 Neuchâtelois et 5 Genevois. Ils ont leur part de pouvoir.
Tous construisent la Suisse moderne. En 1847, les six de l’Acte de médiation et Genève – canton du général Dufour – font partie du camp « anti-Sonderbund » favorable à l’Etat fédéral. En 1848, Neuchâtel les rejoint. Le Valais, lui, est membre du « Sonderbund » dissous (avec Fribourg, Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald et Zoug). Coïncidence ? Des nouveaux venus de 1803 et 1815, le Valais est parfois perçu comme l’un des plus frondeurs. Mais aucun ne propose de quitter la Suisse. Qui dit mieux ?