Suisse, « pays socialiste » ? Ce serait une phrase de l’économiste canadien-américain « de gauche » John Kenneth Galbraith citée par son collègue suisse « de droite » Silvio Borner (« Weltwoche » du 27 août). Cette phrase se retrouve chez des proches du tribun UDC Christoph Blocher. Gag ? Car la Suisse est l’une des rares, en Europe, où les socialistes et la gauche ne frôlent jamais la majorité absolue. On y est plus près du tiers que de la moitié. Alors ?
Mais les socialistes et la gauche utilisent bien ce tiers. Ils profitent des divisions au centre et à droite. En 1959-2003, ils animent avec le PDC une « formule magique » du Conseil fédéral (avec 2 socialistes, 2 PDC, 2 radicaux, 1 UDC). Dès 2007-2008, ils en inventent une autre. Avec le PDC, le PBD et les Verts (libéraux et historiques). Contre les libéraux-radicaux et l’UDC. On y voit Simonetta Sommaruga, Alain Berset, Doris Leuthard, Eveline Widmer-Schlumpf, Didier Burkhalter, Johann Schneider-Ammann et Ueli Maurer (2 socialistes, 1 PDC, 1 PBD, 2 libéraux-radicaux, 1 UDC). Il y faut de l’habileté.
Surtout : les acteurs du centre et de la droite peinent à faire front commun. Une division durable touche PDC (ex-conservateurs) et radicaux. Elle remonte à la création, en 1847-1848, de la Suisse moderne. Ces acteurs changent. Mais la méfiance reste. Le PAB-UDC de Rudolf Minger y ajoute (dès 1917-1918). Au début, c’est une force plutôt paisible. Avec Christoph Blocher (dès les années 1980-1990), les fossés s’aggravent. Pour les socialistes et leurs partenaires, c’est une occasion. Les élections 2015 – Parlement le 18 octobre, Conseil fédéral le 9 décembre – seront une épreuve-reine.