Suisse-Palestine. Les attentats et l’ouverture. Pierre Graber et Jean Ziegler en duo.

 

Pierre Graber – 1908-2003 ! Jean Ziegler – né en 1934 ! C’est à ce duo socialiste multicolore que l’on doit l’établissement, dès les années 1969-1971, de relations plus courtoises entre Suisses et Palestiniens. Un journaliste de la « Neue Zürcher Zeitung », Marcel Gyr, en raconte les étapes (« Schweizer Terrorjahre », NZZ libro). Climat très dur.

 

Alors, la Suisse est parfois perçue comme une alliée d’Israël et une ennemie de la cause palestinienne. Des attentats crépitent. Le FPLP, composante violente de l’OLP, en est souvent le promoteur. Avion d’El Al attaqué à Kloten – 2 morts. Avion Swissair tiré au-dessus de Würenlingen – 47 morts. Trois avions vides – dont l’un de Swissair – détruits à Zarka en Jordanie. Au Parlement, le débat est vif. Graber fait l’objet de critiques. En 1971, ce premier Conseiller fédéral socialiste romand – à la fois Neuchâtelois et Vaudois – est réélu de justesse. Un paquet de voix se porte sur le libéral genevois Olivier Reverdin. Au Gouvernement, Graber pilote de 1969 à 1978. Rudes moments.

 

Eh bien, c’est un peu grâce au sociologue et Conseiller national genevois Jean Ziegler que Pierre Graber sort de ce mauvais pas. Ces deux socialistes sont de sensibilités différentes. Mais Ziegler connaît le monde palestinien mieux que Graber. Il entretient des relations confiantes avec certains dirigeants comme Farouk Kaddoumi. En toute discrétion, le contact se noue. L’un des buts de l’OLP est d’obtenir une représentation à Genève. Graber s’engage à la favoriser. Agit-il seul ou en concertation avec l’ensemble du Conseil fédéral ? Accalmie. Dans la foulée, Graber mène une politique de rééquilibrage entre Israël et le monde arabe. Plus tard, son successeur Pierre Aubert et d’autres poursuivront l’effort. Depuis, la Suisse officielle s’en tient fermement à cette ligne. Temps fort.