Y a-t-il un « bloc » bourgeois en Suisse ? Voyez ces trois possibles nouveaux présidents. Gerhard Pfister au PDC. Petra Gössi chez les libéraux-radicaux PLR. Albert Rösti à l’UDC. L’élection de 2 des 7 membres du Gouvernement bernois, ce 28 février, fournira un signe. Les socialistes Philippe Perrenoud et Andreas Rickenbacher partent. L’UDC, premier parti, convoite leurs places (Pierre Alain Schnegg, Lars Guggisberg). Luttent deux socialistes (Roberto Bernasconi, Christoph Ammann), un Evangélique (Patrick Gsteiger), un Sans-Parti (Bruno Moser). Une « sensation de gauche » n’est pas exclue (« Bund », 22 février). En cause : les rivalités à droite. L’Exécutif sortant penche à gauche (3 socialistes et 1 Vert contre 1 PBD, 1 PRD, 1 UDC), le Législatif à droite. Immense suspense.
Car ces possibles présidents pourraient converger. A l’UDC, le Bernois Albert Rösti sait dialoguer. Au PLR, la Schwyzoise Petra Gössi maintient le même cap «à droite ». Au PDC, le Zougois Gerhard Pfister, lui, pousse le parti du « centre » vers la « droite ». Mais attention ! Entre PDC et PLR, les tensions ne cessent jamais vraiment depuis 1847 (« Sonderbund ») et 1870 (« Kulturkampf »). Avec l’UDC, l’élargissement du fossé coïncide avec le pouvoir de Christoph Blocher (dès la fin des années 1980). De nouveaux partis « du milieu » – Verts libéraux de Martin Bäumle, PBD de Martin Landolt – ajoutent à l’éclatement.
A qui profite ces divisions ? A la gauche ? Cette gauche – socialistes de Christian Levrat, Verts historiques de Regula Rytz et Adèle Thorens – est moins forte ici qu’ailleurs. Mais elle joue plutôt bien de ses atouts. Au Conseil fédéral, prenez les 2 socialistes (Sommaruga, Berset) face à la PDC (Leuthard), aux 2 libéraux-radicaux (Burkhalter, Schneider-Ammann), ou aux 2 UDC (Parmelin, Maurer). Dans certains cantons, ce sont des forces. A Berne, tout peut se passer.