Suisse – Palestine ! Non, on ne retrouve pas l’accord secret conclu en septembre 1970 par Pierre Graber (Conseiller fédéral, Affaires étrangères) et Farouk Kaddoumi (OLP, Organisation de libération de la Palestine). Le Groupe de travail interdépartemental « 1970 » l’affirme. Cette enquête officielle ne confirme donc pas la thèse du journaliste Marcel Gyr de la « Neue Zürcher Zeitung » (« Schweizer Terrorjahre. Das Abkommen mit der PLO »). Affaire classée ?
Il reste des faits troublants. En 1970, cet accord non confirmé succède à des attentats attribués à des militants palestiniens violents (avion Swissair détruit au-dessus de Würenlingen AG, autre avion Swissair dynamité à Zerka en Jordanie). Cet accord aurait prévu une aide suisse à l’ouverture d’une mission de l’OLP à Genève et la fin des attentats. Or, c’est ce qui va se passer. Les attentats contre les intérêts suisses cesseront. Et une mission de l’OLP s’ouvrira à Genève. Plus largement, Graber sera l’un des artisans majeurs du rééquilibrage des relations de la Suisse avec Israël et le monde arabe. Pas d’accord secret ?
Probable : les deux acteurs ont tout intérêt, en 1970 ou même plus tard, à effacer toute trace écrite. Chez les Palestiniens, parce que l’on doit compter avec les rivalités entre courants (les « durs » et les autres). En Suisse, parce qu’on ne traite pas avec des terroristes. Graber passe par des jours difficiles. Elu au Conseil fédéral en 1969, ce premier Sage socialiste romand – Neuchâtelois d’origine, Vaudois en politique – est réélu de justesse en 1971. Graber quitte l’Exécutif en 1978, meurt en 2003. Une figure forte.