Burkhalter face à Erdogan. Turquie et Arménie. Putsch et peine de mort. Crise?

 

Suisse-Turquie : le ton remonte. Le putsch raté contre le président islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, la dure répression et le possible rétablissement de la peine de mort sont des signes. Jusqu’à présent, la Suisse de Didier Burkhalter, Ministre libéral-radical des Affaires étrangères, use de retenue. Le Secrétaire d’Etat Yves Rossier confirme. Car la Turquie est perçue comme un facteur de stabilité. Son rôle dans la crise des migrations pèse lourd. Mais la peine de mort, par exemple, pourrait bousculer la donne.

 

Les relations Suisse-Turquie sont agitées. La condamnation du « génocide » arménien de 1915 par la Turquie est une pomme de discorde. Les Suisses se divisent. En 2003, le Conseil national ose un prudent « postulat » condamnant le « génocide ». Mais Conseil des Etats et Conseil fédéral laissent les historiens trancher. En 2006 à Ankara, Christoph Blocher, alors ministre UDC de Justice et Police, conteste l’article anti-raciste suisse voté en 1994 (« Cet article me fait mal au ventre »). Or, cet article sanctionne le « génocide » et sa négation. En 2007, Blocher est évincé. Mais, en 2013 et 2015, la Cour européenne des droits de l’homme – invoquant la liberté d’expression – donne tort à la Justice suisse contre le politicien turc Dogu Perincek (qui nie le « génocide »). Crépitements.

 

Aujourd’hui, l’UDC zurichois Alfred Heer, président de la Délégation suisse au Conseil de l’Europe, propose de retirer le droit de vote à la Turquie (« SonntagsZeitung », 24 juillet). Certes, la Suisse de Didier Burkhalter n’est pas pressée de prononcer des condamnations hâtives. Mais les événements s’accélèrent.