Comment font-ils pour bloquer la politique européenne de la Suisse ? « Ils », ce sont l’UDC d’Albert Rösti, l’Action pour une suisse indépendante et neutre (ASIN) de Lukas Reimann et le Comité « Non à l’adhésion insidieuse de la Suisse à l’Union européenne » (UE-non) de Christoph Blocher. En fait, Blocher en est l’inspirateur unique. Ce sont trois noms pour une même famille blochérienne. D’autres acteurs n’y occupent qu’une place marginale. Ce ratissage est l’une des habiletés du stratège pour gagner.
Est-elle payante, cette habileté de Blocher ? Peut-être. Car l’UDC seule ne fait pas une majorité. Ni dans le peuple (29,4% des voix). Ni au Conseil national (65 sièges sur 200, 68 avec Lega et MCG). Ni au Conseil des Etats (5 sur 46). Ni au Conseil fédéral (Ueli Maurer et Guy Parmelin, 2 sur 7). Les partis « du milieu » – Verts libéraux, PDC, PBD, libéraux-radicaux – peuvent lui résister. Mais, pour les blochériens, l’obstacle est franchissable. En 1992, le rejet de l’Espace économique européen le prouve. Plus tard, le succès d’initiatives UDC le confirme (minarets en 2009, étrangers criminels en 2010, immigration de masse en 2014). Pas faux, le calcul.
Du coup, le combat pour une reprise entre la Suisse et l’Union européenne s’annonce plus rude que jamais. Cela vaut pour la libre-circulation des personnes comme pour un accord institutionnel. Toute réduction de souveraineté suisse est un enjeu risqué. Même à 5 sur 7, Johann Schneider-Ammann, Didier Burkhalter, Doris Leuthard, Simonetta Sommaruga et Alain Berset – deux libéraux-radicaux, une PDC, deux socialistes – ont une marge très mince.