Macron et Le Pen. Leuthard et Blocher. La Suisse et la « Grande Nation ». Fascinations.

Suisse ! L’UDC de Christoph Blocher rassemble 29,4% des voix aux élections 2015. C’est un record depuis 1919. France ! La cheffe du Front National Marine Le Pen pourrait réunir 38 % des voix – voire plus – pour la présidence du 7 mai. Ce serait du rarement vu. Or, Blocher et Le Pen attirent de mêmes courants isolationnistes et xénophobes. Marine Le Pen, en limant des tirades antisémites de son père Jean-Marie, se montre d’ailleurs plus « blochérienne » qu’avant. Vrai : les forces de fermeture, dans ces démocraties voisines, affichent la même force conquérante. Alerte ?

 

La preuve ! En Suisse, les élections françaises fascinent comme jamais. En Suisse romande, c’est attendu. Mais c’est presque aussi vrai dans le reste du pays. En Suisse alémanique, l’expression « Grande Nation » – héritée de l’épopée napoléonienne – a toujours la cote. Rappel : la France, entre Marignan (1515) et Waterloo (1815), est perçue comme la puissance majeure. Surtout : l’occupation de la Suisse par la France – la seule de notre histoire – laisse des traces (1798-1814). Le phénomène Le Pen – parfois si proche du phénomène Blocher – y ajoute une forte dose de curiosité.

 

Mais les forces d’ouverture luttent aussi. En Suisse, la présidente Doris Leuthard est au front. En face, l’UDC de Blocher peut perdre. En France, Emmanuel Macron, « En Marche » et leurs alliés devraient tenir, le 7 mai et plus tard, contre Marine Le Pen et les siens. Ailleurs, la Grande-Bretagne du « Brexit », les Etats-Unis de Donald Trump et d’autres démocraties historiques affrontent de mêmes défis. Sûr : on n’en a pas fini.