Plus vraiment « Parlement de milice » ? Peut-être déjà « Parlement de professionnels » ? Telle serait aujourd’hui l’Assemblée fédérale (Revenu et charges des parlementaires fédéraux, Législature 2011-2015, Université de Genève, Sciarini, Varone, Ferro-Luzzi). Exemple : le revenu d’un Conseiller aux Etats et d’un Conseiller national – pour leur activité globale de parlementaire – ferait respectivement 71% et 87% d’un salaire de directeur d’un bureau d’architecte. Le vrai « Parlement de milice », c’était en 1848-1962. Pourtant, le revenu des élus 2011-2015 resterait prudent face à des démocraties voisines. Certains versements, en revanche, manqueraient de rigueur. On peut faire mieux.
Cette marche vers un Parlement plus « professionnel » bute sur des résistances. Christoph Blocher – ex-Conseiller national, ex-Conseiller fédéral – s’oppose. Périodiquement, le stratège UDC évoque le lancement d’une initiative pour le retour à un « Parlement de milice » (réduction des indemnités, etc). En 1992, lui et l’UDC font rejeter par référendum réforme du Parlement et hausse des indemnités. Blocher affirme consacrer 30% de son temps au Parlement et à la politique (Blocher sera chef d’entreprise, colonel à l’armée, féru d’histoire et de culture, père de famille…). Oui, Blocher est peut-être un cas.
Question : cette résistance à une certaine « professionnalisation » a-t-elle un avenir ? Car le retour à un vrai « Parlement de milice » – « amateur », donc – placerait les élus sous la dépendance des groupes d’intérêt, de la haute administration et du Conseil fédéral. Pour tenir tête, un élu doit être équipé. L’Assemblée fédérale y va.