Ignazio Cassis le Tessinois arrive. Didier Burkhalter le Neuchâtelois s’en va. La politique européenne de la Suisse en frémit. Certes, ces libéraux-radicaux croient aux traités bilatéraux avec l’Union européenne. Mais le Tessinois, venant d’une Suisse italienne eurosceptique, y mettra-t-il de la tiédeur ? Comme plusieurs de ses futurs collègues de l’Exécutif, se méfie-t-il d’un accord institutionnel Suisse-Europe ? Si l’Union s’accroche aux « juges étrangers » de la Cour européenne de Justice, que fera-t-il ? Le cas échéant, la glaciation du lien Suisse-Europe sera-t-elle prolongée ? A voir.
Pire ! L’Union européenne émet des signaux variés. Voyez l’Allemagne europhile de la chrétienne-démocrate Angela Merkel. Bien que promise à un 4e mandat de Chancelière, son parti sort affaibli. S’ajoutent ces incertitudes : la fin de la coalition avec les socio-démocrates (eux aussi diminués), les inconnues d’une nouvelle coalition (avec libéraux et Verts ?), la percée d’une AFD anti-Europe. Prenez la France, elle aussi europhile, d’Emmanuel Macron, ses projets pour l’Europe, sa complicité avec Angela Merkel. Mais sa « République en marche » et ses alliés, qui dominent l’Assemblée nationale, peinent au Sénat. Macron en sera-t-il entravé ?
Visez aussi ces dures négociations sur la sortie de la Grande-Bretagne de Theresa May de l’Union européenne de Jean-Claude Juncker (Brexit). On y balance entre dialogue de sourds et propos plus conciliants. La Suisse officielle, qui comptait peut-être s’en inspirer, doit-elle déchanter ? Bref, la glaciation Suisse-Europe va-t-elle encore durer ? Qui voit un dégel ?