Rugueux? Cassis – Rome plutôt que Vienne. Alfano – le lien. Juncker – le test.

Rome plutôt que Vienne ! Le Conseiller fédéral tessinois Ignazio Cassis, nouveau chef des Affaires étrangères, étonne pour sa première visite officielle à l’étranger. « Je souhaite par cette visite, dit l’ex-double national italo-suisse, ouvrir un corridor de sympathie et de dialogue avec l’Italie ». Son collègue Angelino Alfano l’y accueille. Car le contentieux Suisse-Italie – fiscalité, frontaliers, rail, route – est copieux. La proximité du puissant trio Milan-Gênes-Turin y ajoute. Aucune autre métropole – Vienne, Lyon ou Paris, Munich ou Berlin – n’est si proche. Voisinage brûlant.

 

Attention ! Cela ne veut pas dire que les relations Suisse-Italie – avec Cassis – seront moins rugueuses. Car les Suisses italiens entretiennent avec la voisine du Sud des liens plus âpres que les Romands avec la France, ou même que les Alémaniques avec l’Allemagne. Voyez la montée de la Ligue des Tessinois de Maspoli et Bignasca (dès 1991). Prenez les votes isolationnistes de la Suisse italienne (surtout depuis le rejet de l’Espace économique européen en 1992). On est loin de 1920 – quand le Tessin de Giuseppe Motta faisait adhérer la Suisse à la Société des Nations (SDN). Un autre monde.

 

L’Union européenne ? La visite en Suisse du président Jean-Claude Juncker – ce jeudi 23 – est un test. Certes, l’Italie d’Alfano et Gentiloni y joue un rôle moins « visible » que la France de Macron ou l’Allemagne de Merkel (en situation délicate). Mais, au début, un Français (Robert Schuman), un Allemand (Konrad Adenauer) et un Italien (Alcide de Gasperi) en sont bien les moteurs. Bref, ce lien Suisse-Italie d’Ignazio Cassis promet peut-être un déclic. Enfin ?