« Traité d’amitié » ? Ou blocage de longue durée ? Le Sommet à Berne entre la présidente suisse Doris Leuthard et le président européen Jean-Claude Juncker doit-il inquiéter ? Sûr : l’octroi par la Suisse de Leuthard d’un nouveau crédit de 1,302 milliard de francs pour 10 ans – pour les nouveaux membres de l’Union surtout – est bien accueilli par l’Européen Juncker. Il succède à de précédents montants (1 milliard, 257 et 45 millions). Il s’inscrit aussi dans une longue tradition d’aide helvétique à l’Europe de l’Est. Ce crédit fera l’objet de projets ciblés touchant la formation professionnelle, le chômage des jeunes, la migration. C’est la Suisse qui offre.
Mais la conclusion d’un accord-cadre – « traité d’amitié », préfère Juncker – traîne. De grosses divergences durent. Reprise, automatique ou non, du droit européen par la Suisse. Règlement des différends, pouvoir, unilatéral ou pas, de la Cour européenne de Justice (« juges étrangers » ?). Ou création d’une autorité mixte Suisse-Europe. En Suisse, ces divergences sont hyper-sensibles. Toute velléité d’abandon de souveraineté sera combattue. Déjà, l’UDC de Christoph Blocher refuse le nouveau crédit, dépose une initiative pour la primauté du droit suisse, en lance une autre contre la libre-circulation des personnes. On est averti.
Ce Sommet de Berne ne provoque pas un vrai déblocage. Pourtant, la démocrate-chrétienne suisse Doris Leuthard et le chrétien-social luxembourgeois Jean-Claude Juncker sont, en politique, de proches parents. Quant au nouveau ministre helvétique des Affaires étrangères, le libéral-radical Ignazio Cassis, il commence. Patience.