Les votations fédérales de type « Patrie suisse » sont-elles rassembleuses ? Souvent, oui. Le rejet de l’initiative « No Billag », le 4 mars, en fait partie (71,6% de non). 4 langues et 26 cantons sauvent le financement du service public de radio-télévision SSR, mais aussi de diffuseurs régionaux et locaux. Une enquête Voto révèle un refus de tous les âges (jeunes en tête) et de tous les partis (sauf UDC – oui 54%). Ces votes « Patrie suisse » quasi-unanimes se retrouvent, par exemple, pour le Romanche 4e langue nationale (1938), l’AVS (1947), le canton du Jura (1978) ou le Romanche langue semi-officielle (1996). Moments forts.
Attention ! Ces votes « Patrie suisse » divisent aussi. Les 3 révisions totales de la Constitution fédérale, autres exemples, sont imposées par des majorités de cantons. 1848 (oui 72,8%, cantons 15,5/6,5, votes hétérogènes). 1874 (oui 63,2%, cantons 13,5/8,5). 1999 (oui 59,2%, cantons 13/10). Mais ces majorités s’imposent. La Suisse, dès 1848, cesse d’être une Confédération d’Etats pour devenir Etat fédéral. Qu’on se le dise.
Cela vaut aussi – au rayon « Patrie suisse » – pour l’adhésion de la Suisse à la SDN en 1920 (oui 56,3%, cantons 11,5/10,5) ou à l’ONU en 2002 (oui 54,6%, cantons 12/11). Cela vaut encore quand Parlement et Gouvernement sont désavoués. Refus de l’Espace Economique Européen en 1992 (non 50,3%, cantons 16/7). Acceptation de l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » en 2014 (oui 50,3% oui, cantons 14,5/8,5). Bref, les votes populaires « Patrie suisse » peuvent être carrément conflictuels. Pas si simple.