Suisse sans roi? Elisabeth, Naruhito. Motta, Minger, Dufour, Guisan, Escher, Blocher.

Un roi en Suisse ? Non ? Est-ce la différence incompressible entre la Suisse et d’autres démocraties « avancées » ? En Europe surtout, démocratie et monarchie constitutionnelle au pouvoir symbolique s’entendent plutôt bien. Le Royaume-Uni d’Elisabeth II en offre un modèle durable. Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Suède ou Norvège y ressemblent. Dans l’Espagne d’après-Franco, ce mélange favorise la démocratie. Le roi Felipe VI en est l’actuel titulaire. En Asie, dans le Japon d’après-Hiroshima/Nagasaki, il exerce des effets voisins. L’empereur Naruhito y accède. Pourtant, la Suisse et plusieurs de ces Etats ont des traits communs. Bizarre ?

 

Vrai : le monarque – même au pouvoir limité – a peu de chance en Suisse. La pulvérisation en cantons – de 3 à 26 – ne favorise pas ses ambitions. L’Empire des Habsbourg ? Il a bien des racines en Suisse. Mais lui sert de repoussoir. La France dominatrice de François 1er à Napoléon 1er ? Les Suisses finissent par s’en débarrasser. L’Etat fédéral de 1848, en plaçant un Collège de 7 Conseillers fédéraux au cœur du pouvoir, concrétise ce désir historique. Le renforcement exceptionnel des droits populaires, à sa manière, y pousse aussi. Dur pour un monarque – même symbolique?

 

Certaines hautes figures se sont-elles parfois rapprochées – disons d’une position éminente ? Des Conseillers fédéraux (ex : Motta, Minger) ? Des généraux (ex : Dufour, Guisan) ? D’autres têtes encore (ex : Alfred Escher) ? Qui ? Finalement, sera-ce l’une des malchances de Christoph Blocher ? Le pouvoir symbolique, il est vrai, ce n’est pas tellement lui.

 

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