Xénophobie en Suisse – les fronts changent-ils ? Peuple et cantons, le 27 septembre, tranchent de l’initiative UDC contre la libre-circulation des personnes avec l’Union européenne. Or, les deux camps se recomposent. Deux votes mémorables, en 1970 et 2014, montrent comment.
7 juin 1970. L’initiative de James Schwarzenbach « contre l’emprise étrangère » – il y a 50 ans – est rejetée. Non 54%. Cantons 15 à 7. Seuls approuvent Berne, Lucerne, Uri, Schwyz, Obwald et Nidwald, Fribourg, Soleure. 9 février 2014. L’initiative de l’UDC et de Christoph Blocher « contre l’immigration de masse », elle, est acceptée. Oui 50,3%. Cantons 14,5 à 8,5. Seuls refusent Zurich, Zoug, Bâle-Ville et 6 Romands. Fribourg, Vaud, Valais, Neuchâtel, Genève, Jura. On passe de 22 à 23 cantons. Bref, le « camp xénophile » recule de 15 à 8,5. Fribourg compris. Le « camp xénophobe », lui, monte de 7 à 14,5. Avec en plus Glaris, Bâle-Campagne, Schaffhouse, Appenzell (RE et RI), Saint-Gall, Grisons, Argovie, Thurgovie, Tessin. En force ?
Ce qui change ? C’est le pilotage du « camp xénophobe ». James Schwarzenbach et ses proches disparaissent en partie. Ils sont phagocytés par l’UDC de Christoph Blocher. Blocher fait échouer l’Espace économique européen en 1992. Cette UDC devient 1er parti de Suisse – dès 2003. Ce qui compte ? C’est aussi la jonction – dans l’UDC de Blocher – des thèses « anti-étrangères » et du combat contre l’Europe intégrée. En 1970, sous Schwarzenbach, cette jonction n’en est qu’à ses débuts. En 1972, l’accord de libre-échange Suisse-Europe est même facilement accepté. Tout va changer. Enfin, presque tout.