« Neutralité coopérative » – propose Ignazio Cassis. « Neutralité et Solidarité » – disait Max Petitpierre (1944-1961). « Neutralité et Responsabilité » – préciseront d’autres. La guerre d’agression de la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine, décidément, stimule les imaginations – et ravive les mémoires.
Moment-clé : 1948. C’est le début de la précédente « Guerre Froide ». L’URSS de Joseph Staline décrète le blocus de Berlin. Les Etats-Unis de Harry Truman et les Alliés occidentaux ripostent par un spectaculaire pont aérien. Mieux ! Ils lancent l’audacieux « Plan Marshall » de reconstruction de l’Europe et l’OECE (future OCDE). La Suisse de Max Petitpierre y adhère. L’OTAN suit en 1949. La Suisse de Petitpierre, là, reste en-dehors. 1996. C’est celle de Flavio Cotti et Adolf Ogi qui rejoint le Partenariat pour la Paix. 2022. Viola Amherd resserre le lien et dialogue à Davos avec Jens Stoltenberg. D’autres Neutres comme la Finlande et la Suède font un pas de plus.
Vrai : la neutralité suisse 2022 n’est pas très différente de la neutralité suisse 1948. Elle laisse une marge de flexibilité. D’ailleurs, c’est la même Suisse de Max Petitpierre qui noue avec l’URSS de Staline en 1946 et avec la Chine de Mao Tsé-Toung en 1950. Cette neutralité est-elle si loin de celle dessinée au Congrès de Vienne de 1815 par les vainqueurs de Napoléon ? Aujourd’hui, il s’y greffe des impératifs incontournables. Le refus des guerres d’agression. Et la primauté des démocraties face aux dictatures. Neutralité – qui dit mieux ?