Lugano. La Conférence d’Ignazio Cassis pour la reconstruction de l’Ukraine dévastée par la guerre russe marque-t-elle le retour de la Suisse parmi les lieux où la paix se prépare ? Car la Suisse de Cassis, en prenant clairement parti pour l’agressé Volodymyr Zelensky et contre l’agresseur Vladimir Poutine, choisit son camp. Sa neutralité « penche ». Poutine la juge « inamicale ». La Conférence de Lugano, d’ailleurs, ne l’invite pas. Voyez aussi cette planète coupée en trois. L’Occident et l’Ukraine. La Russie et ses suiveurs. Le reste du monde « non-aligné ». La Suisse n’y est pas « équidistante ».
Vrai : il y a peu de lieux aussi faits que la Suisse pour préparer la paix. La Genève internationale en est le haut lieu. Siège européen de l’ONU. CICR. OMS. OMC. OIT. HCR. Organisations spécialisées. Mais la diplomatie mondiale va aussi voir ailleurs. Lausanne (CIO). Montreux. Locarno. Davos (WEF). Berne (Union postale universelle). Bâle (Banque des Règlements Internationaux). Zurich (FIFA). Bürgenstock. Maintenant Lugano. Cette liste n’est pas close. La Suisse défend là une image forte.
Le pire, c’est que cette planète redevient plus conflictuelle que jamais. L’antagonisme entre puissances y atteint un niveau rarement égalé depuis 1945. La Suisse elle-même s’en ressent. En général, elle s’arrange pour être en bons termes avec tout le monde. Enfin, presque. Aujourd’hui, son lien avec la Russie de Vladimir Poutine tourne mal. Avec la Chine de Xi Jinping, on est loin de la relative courtoisie d’avant. Sûr : la Suisse d’Ignazio Cassis affronte un monde plus compliqué.