Sanija Ameti. La politicienne zurichoise tire avec une arme à feu sur une image religieuse représentant Marie et Jésus. Mise en scène. Scandale. Son parti, les Verts libéraux, entame une procédure d’exclusion. Son employeur, la société Farner, prend ses distances. Elle la quitte. L’Université de Berne, où elle est doctorante, frémit. Le Code pénal, qui punit le blasphème, la guette. Peine pécuniaire de 180 jours-amende au plus (article 261). Le mouvement « Opération Libero », dont elle est co-présidente, réprouve, tout en lui gardant sa confiance. La famille de Sanija Ameti est musulmane et originaire de Bosnie. Elle fuit les guerres de l’ex-Yougoslavie. Sarajevo. Srebrenica. Ennemi serbe. Rien de tout cela n’est probablement oublié. Du coup, Sanija Ameti se met elle-même en danger.
Le cas Sanija Ametti n’est pas totalement nouveau. Les traces de la guerre pour le Kosovo peuvent se retrouver sur un terrain de football. Plusieurs de nos joueurs les plus talentueux en sont issus. Plus largement, l’Islam « dur » favorise l’acceptation de 2 initiatives populaires fédérales. Minarets en 2009. Voile intégral en 2021. Plus haut dans le temps, les guerres religieuses entre protestants et catholiques se succèdent. Kappel. Villmergen. Suivent les tensions entre libéraux-radicaux et conservateurs-catholiques. Guerre du « Sonderbund » 1847. Crise du « Kulturkampf » 1870. Puis, c’est l’apaisement. En 1866, le droit d’établissement des juifs se passe bien.
Aujourd’hui, c’est le camp des « sans-confession » qui semble progresser. Est-ce un faux-semblant? Voyez le Préambule de la Constitution fédérale. « Au Nom de Dieu Tout-Puissant! ». Lui tient bon.