Virage conservateur ? Le Parti démocrate-chrétien (PDC), l’un des pivots de la politique suisse, frémit. La succession du président Christophe Darbellay, Valaisan et centriste, intrigue. Le Zougois Gerhard Pfister, quasi-UDC selon certains, se lance. Au PDC, il milite tôt pour un 2e UDC au Conseil fédéral et combat la Grisonne Eveline Widmer-Schlumpf (UDC, puis PBD). Un anti-Darbellay. Les élections 2015 – Parlement comme Gouvernement – lui donnent des arguments. De possibles candidats modérés comme le Grison Martin Candinas ou le Soleurois Pirmin Bischof attendent. Déjà, le Tessinois Filippo Lombardi, perçu à droite, pilote le groupe PDC au Parlement. Alors ?
Autre alerte : une acceptation ce 28 février de l’initiative du PDC « Pour le couple et la famille – Non à la pénalisation du mariage » est une piste. Elle infligerait un coup d’arrêt au mouvement « mariage pour tous ». Or, en Suisse, les droits des homosexuels progressent (Code pénal en 1992, Partenariat enregistré en 2005, certaines adoptions). Ailleurs, l’Irlande et les Etats-Unis, après d’autres, acceptent le mariage homosexuel (2015). Mais l’initiative PDC du 28 février, tout en exigeant l’égalité fiscale entre couples mariés et non mariés, précise : « Le mariage est l’union durable et réglementée par la loi d’un homme et d’une femme ». Thèmes de société : le PDC joue la prudence.
Retour au passé ? Son ancêtre s’appelle Parti conservateur catholique. Pour les radicaux alors au pouvoir, il est l’opposition « de droite ». Puis, leurs destins se croisent. Les radicaux vont de la gauche au centre-droit (et fusionnent en 2009 avec les libéraux). Les conservateurs vont de la droite au centre (et changent de nom). Vers 1950, ils deviennent pivot. Aujourd’hui, ils partagent ce rôle avec d’autres forces « du milieu » (PBD, Verts libéraux, libéraux-radicaux). Ce virage conservateur va-t-il se vérifier ? Ce rôle de pivot va-t-il reculer ? Observons.