Syngenta acheté. Chine de Xi Jinping. Suisse de Schneider-Ammann. Le risque autoritaire.

 

Attention, danger ? Le groupe ChemChina – proche du pouvoir chinois de Xi Jinping – rachète la société agrochimique suisse Syngenta pour 43,3 milliards de francs. Ce groupe centré à Bâle occupe 28.000 personnes – près de 3.300 en Suisse. Ses sites se situent en Valais (Monthey, Vouvry), Argovie (Stein, Kaisten), Thurgovie (Münchwilen), à Zurich (Dielsdorf). Ce rachat par une puissance autoritaire est une rareté. En général, la Suisse officielle, partisane d’une économie de marché, ne s’oppose pas aux reprises. Le libéral-radical Johann Schneider-Ammann, président et ministre suisse de l’Economie, salue. D’autres craignent pour l’emploi. Et puis, ce cas Chine-Syngenta est spécial.

 

Vrai : le rachat de Syngenta coïncide avec une longue complicité Suisse-Chine. Le même Johann Schneider-Ammann en est un actif promoteur. Accord de libre-échange. Adhésion de la Suisse à la Banque asiatique d’investissement (d’inspiration chinoise). Projets d’installation en Suisse de banques chinoises. Volonté de la Suisse de devenir un centre de traitement de la monnaie chinoise (Yuan-Renminbi). Invitation faite par la Chine à la Suisse de coopérer au G20 de 2016. Rappel ! Dès 1950, des relations confiantes se nouent entre la Chine de Mao Tsé-toung et la Suisse de Max Petitpierre. Elles résistent à presque toutes les secousses. Même la rencontre agitée de 1999 entre Jiang Zemin et Ruth Dreifuss est aplanie. Ces relations courtoises se retrouvent, d’ailleurs, avec le pouvoir semi-autoritaire de Vladimir Poutine en Russie. Où est le risque ?

 

Problème : on ne traite pas avec la Chine de Xi Jinping comme on traite avec l’Europe de Jean-Claude Juncker ou les Etats-Unis de Barack Obama. Question : la Suisse démocratique de Johann Schneider-Amman s’engage-t-elle alors dans un engrenage périlleux ? Ce risque est-il calculé ?