Qui veut libérer le marché de l’électricité ? Le Conseil fédéral suspend une nouvelle tentative. Doris Leuthard, ministre PDC de l’Energie, gouverne. Une consultation contrastée pousse l’Exécutif à freiner. Il veut en savoir davantage sur les négociations avec l’Union européenne, sur la sortie de l’énergie nucléaire (Stratégie énergétique 2050), sur l’état du marché, sur l’approvisionnement en électricité. Seule une minorité d’acteurs s’oppose globalement à l’ouverture. Mais plusieurs exigent, par exemple, des mesures d’accompagnement pour l’énergie hydraulique et les énergies renouvelables. Exigence de taille ?
Cette libéralisation de l’électricité est délicate. En 2002, une précédente tentative est refusée (52,6% contre 47,4%). Sur 26 cantons, 11 acceptent, 15 refusent. Parmi les opposants, on découvre les 7 cantons latins (mais aussi Zurich, Glaris, Soleure, Schaffhouse, Appenzell RE et RI, Saint-Gall, Thurgovie). On observe des divisions à droite et à gauche. Le ministre socialiste Moritz Leuenberger, alors au pouvoir, y consent. Cela ne suffit pas.
Bref, la libéralisation de l’électricité n’est pas exactement une bataille gauche-droite. D’autres clivages s’insèrent. Pour certains, une large libéralisation pourrait susciter des hausses de prix malvenues, nuire aux ménages, aux petites et moyennes entreprises. A cela, on ajoutera le bas prix actuel de l’énergie, les soucis de rentabilité de certaines entreprises électriques (Alpiq souhaite vendre des barrages). Conséquence : cette libéralisation suspendue ne devrait pas fâcher tout le monde. Oui, tout se complique.