A-t-on détruit des documents sensibles sur la défunte armée secrète suisse P26 ? Cet épisode suscite des affirmations variées (ex : « Bund » et « Tages-Anzeiger », 3-5 février, « Neue Zürcher Zeitung », le 6). La P26 est une créature de la Guerre Froide. Années dures.
Cette P26 est révélée en 1990 dans la foulée de l’affaire des fiches et de la démission d’Elisabeth Kopp du Conseil fédéral (en 1984-1989, elle pilote Justice et Police). La P26 entretiendrait des liens avec le M16 britannique et l’OTAN (cf Wikipédia). Sa mission serait de résister à une invasion des forces du Pacte de Varsovie (URSS en tête). Elle posséderait des stocks d’armes et de munitions dans quatre lieux au moins (dont Gstaad). Elle devrait préparer, aussi, l’évacuation du Conseil fédéral en Irlande. Le major Albert Bachmann en serait une figure-clé. Fait troublant, Herbert Alboth, autre acteur de la P26, est assassiné le 18 avril 1990. Lui aurait demandé au Conseiller fédéral Kaspar Villiger de faire la lumière sur les « armées secrètes » (en 1989-1995, Villiger dirige la Défense). La P26 est dissoute le 21 novembre 1990. Point final ?
Peut-être ne saura-t-on jamais tout sur la P26. Des informations du juge d’instruction Pierre Cornu, l’une des sources, seraient restées confidentielles. Certains ont-ils vraiment détruit des pièces sensibles ? Certes, la Guerre Froide 1948-1989, avec son bloc de l’Est stalinien, exige de la vigilance. Tout comme l’Allemagne nazie de 1933-1945. Mais la Suisse de 2018 a du recul. Qu’en pensent Ueli Maurer, Guy Parmelin et les autres ? On est très, très curieux.