Thomas Minder – industriel à Schaffhouse et Conseiller aux Etats indépendant – trouble le monde économique et politique suisse comme rarement. Son initiative contre les salaires abusifs des managers, soumise au peuple et aux cantons le 3 mars, pourrait diviser les familles politiques
A première vue, les partis de droite et du centre devraient la refuser et lui préférer un contreprojet indirect moins contraignant. En simplifiant : l’initiative, pour fixer les salaires des managers, accorde le pouvoir principal aux assemblées générales, le contreprojet aux conseils d’administration.
«Economiesuisse», contre l’initiative, injecterait 8 millions de francs. Le tribun UDC Christoph Blocher, ex-allié de Minder, la rejoint. Cela dit, on verra si l’électorat de centre-droite suit les mots d’ordre (ex: l’UDC). En face, Paolo Bernasconi, ancien procureur tessinois anti-mafia, appuie Minder. La gauche aussi. Parmi les exceptions, on trouve Claude Janiak (Conseiller aux Etats socialiste de Bâle-Campagne) et Daniel Lampart (secrétaire de l’Union syndicale suisse).
Jamais depuis longtemps, les tentatives d’encadrer les salaires dans l’économie n’ont été aussi intenses. Une initiative de l’Union syndicale suisse veut fixer des salaires minimaux. Une autre de la Jeunesse socialiste entend resserrer l’écart entre hauts et bas salaires dans l’entreprise. Le Conseiller fédéral socialiste Alain Berset, lui, désire réduire l’écart des salaires entre femmes et hommes (écart défavorable aux femmes). Cette action ferait accepter l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans (soit au niveau des hommes). Le verdict populaire s’annonce haletant.